Article et photographie par Michel Monceau, paru dans le Publicateur libre le 6 septembre 2016.
Le 13 août 2015, Yoan Schumacher s'envolait vers la Macédoine pour un séjour d'un an comme SVE*. De retour, ce Fertois de 20 ans a souhaité témoigner de son vécu.
« Quand je suis parti il y a un an, j’avais deux idées en tête pour ma carrière professionnelle : travailler dans l’enseignement, ou dans le graphisme et la communication audiovisuelle. Et mon souhait était de pouvoir concilier les deux dans le cadre de ce séjour en Macédoine » confie Yoan, natif d’Aunay-sur-Odon, mais qui a grandi à La Ferté.
Alors qu’il venait d’entamer un BTS design communication, après un bac d’arts appliqués passé à Caen, le jeune Fertois a donc saisi une opportunité en répondant à l’appel de la MJC de Flers qui proposait une mission en Macédoine. Sa candidature étant retenue, il a eu peu de temps pour préparer son départ et s’est retrouvé à 2 600 km de chez lui, à Prilep, une ville de 70 000 habitants au centre de la Macédoine.
Autonomie
« Je ne connaissais pas le pays et je n’ai pas vraiment cherché à me documenter dessus. Je suis parti sans a priori et j’ai tout appris sur place ». Le jeune Normand était volontaire pour l’organisme SEGA, qui est l’équivalent d’une MJC chez nous. Pour son hébergement, il était en colocation avec deux autres jeunes en SVE : une Française et une Roumaine. « C’était la première fois que je partais seul aussi loin de chez moi, mais j’avais envie de voyager de toute façon. Comme j’avais 24 jours de congé dans mon contrat, j’ai pu revenir quelques fois à La Ferté. Il a fallu aussi que j’apprenne à gérer le quotidien, un budget, la vie en collectivité ». Bref, à être autonome.
Au fil des semaines et des rencontres, Yoan a découvert le pays. « J’ai appris à parler le macédonien, qui est une langue slave, mais je me servais aussi beaucoup de l’anglais. La ville où j’étais était dynamique, avec une grande communauté de jeunes, des concerts dans les bars. C’est un peuple très chaleureux et je ne me suis jamais senti comme étranger. J’ai constaté que l’économie du pays était fragile avec un taux de chômage gigantesque, qui avoisine les 50 à 60 % dans ma tranche d’âge. Là-bas, on vit avec 250 à 300 € par mois ». Une situation qui l’a amené à relativiser. « En faisant le comparatif avec la France, je me suis dit que notre pays avait encore un niveau de vie satisfaisant, avec des perspectives d’avenir ». Les week-ends ont été l’occasion de balades touristiques avec d’autres « SVE ». « J’ai également joué de la guitare dans la rue pour récolter un peu d’argent ».
Auto-évaluation
Durant les 12 mois de contrat, plusieurs missions ont été confiées à Yoan : promouvoir le volontariat auprès d’autres jeunes ; un travail de graphisme pour réaliser différents documents annonçant des événements (brochures, flyers) ; faire des photos de ces manifestations ; assister des professeurs de français auprès d’élèves de 10 à 18 ans. « Avec ces profs, nous avons organisé un concert hommage à Edith Piaf. Nous avons également créé une pièce de théâtre humoristique qui a remporté le concours national de la francophonie. Ce qui nous a valu d’aller le présenter en Bulgarie où plusieurs pays des Balkans étaient présents ». Par ailleurs, le Fertois a été à l’initiative d’une éco-randonnée pour nettoyer une montagne et d’une rencontre autour d’un café.
Pour Yoan, ce séjour lui a servi d’auto-évaluation. « J’ai vu où j’étais le plus à l’aise, mes points forts, mes faiblesses. J’ai pu tester mes compétences face à un groupe d’élèves et je me suis aperçu que l’enseignement n’était pas vraiment fait pour moi, notamment au niveau de l’autorité ».
« J’ai appris beaucoup »
De retour depuis le 9 août, Yohan dresse un bilan positif en tous points. « Ce genre de séjour ouvre tous les possibles. J’ai appris beaucoup en peu de temps. J’ai fait un grand bon avant. Et c’est sûr que j’y retournerai. A présent, j’ai également plein de contacts avec des jeunes du Portugal, d’Italie, de Roumanie, des Etats-Unis ».
Le 6 septembre, le Fertois a rejoint les bancs de l’école à l’IUT du Havre pour préparer en 2 ans un DUT information communication, option publicité, et ce « après une année essentielle dans ma vie, qui m’a évité de faire des erreurs dans mon orientation professionnelle ».