Une équipe d'enseignants du lycée Mermoz, soutenue par des spécialistes, mène avec des élèves, depuis 2008, un projet autour des combats dans les Balkans durant la Première Guerre mondiale.
Pourquoi ? Comment ?
Pourquoi les recherches des professeurs du lycée Mermoz sont-elles inédites ?
Voilà six ans que trois professeurs du lycée professionnel Jean-Mermoz ont entrepris un minutieux travail de mémoire sur l'armée d'Orient, qui a combattu dans les Balkans lors de la Première Guerre mondiale, entre 1915 et 1918. « Le front d'Orient est méconnu, peu de recherches ont été effectuées », indique Pierre Bénabid, un des enseignants virois en lettres-histoire.
Tout a démarré en 2008 à l'initiative de l'Union européenne, en vue d'une procédure d'adhésion de la Macédoine. La Basse-Normandie a été choisie pour constituer un réseau entre des lycées. C'est finalement Vire qui portera cet ambitieux projet avec la Macédoine, grâce à la passion des enseignants Pierre Bénabid, Eric Allart et Emmanuel Leplumey.
Quel a été le travail des élèves et des professeurs ?
Recherche de récits de poilus, relevés archéologiques, collecte de documents (photos, dessins, correspondances...), contact avec les Macédoniens, le travail des élèves et des professeurs a été méticuleux dans la région de Bitola, au sud-ouest du pays. « Nous avons ensuite engagé un partenariat entre le lycée de Bitola après un déplacement en juin 2008 », explique Eric Allart.
Des séjours avec des élèves ont été organisés en 2010 puis en 2012. Les échanges ont été riches et instructifs. Les lycéens en ont tiré un carnet de voyage et les professeurs ont réalisé un recueil très complet sur leurs recherches, intitulé Sur les traces des poilus d'Orient. « Ces soldats sont oubliés, estime Pierre Bénabid. On a engagé ce travail pour eux et leurs descendants. »
Quelles sont les suites du projet ?
En cette année du centenaire de la Grande guerre, le projet du lycée Mermoz a été labellisé « Mission centenaire » par le gouvernement. « Une stèle mémorielle a été construite au lycée professionnel de Mondeville, précise Eric Allart. Elle est actuellement à Vire. Les secondes en logistique travaillent pour l'acheminer à Bitola avec l'entreprise Chatel et le ministère des Affaires étrangères. »
La stèle pourrait être inaugurée lors d'une cérémonie en Macédoine le 11 novembre, en présence de lycéens virois. « On a tiré le fil d'une pelote et on la déroule », sourit Pierre Bénabid.
Les deux professeurs virois espèrent se rendre cet été dans le village de Rapesh « pour approfondir nos investigations ». Cette nouvelle enquête pourrait aboutir sur une seconde publication en fin d'année.
Ces enseignants ont aussi entrepris des recherches sur Léopold Montoya, un aviateur bordelais, abattu en avril 1918 dans les Balkans. « Nous avons découvert qu'un anonyme vendait un album photo sur l'escadrille de ce pilote. Mais on a raté la vente sur Internet. » C'est un passionné d'aviation néo-zélandais qui en a fait l'acquisition. « C'est une base de photos incroyable. » Les professeurs virois ont tout de même réussi à obtenir une réplique du document et espèrent réaliser un nouvel ouvrage.
Source: Ouest-France (version originale)